
Doit-on se laisser dévorer par la passion? Amour temporaire ou amour toujours? Avez-vous déjà ressenti de la passion pour quelqu’un?
La passion est un concept que nous retrouvons beaucoup au cinéma. Il est souvent le début de beaucoup de relations dans les films mais est-ce vraiment le cas dans la réalité? N’est-ce pas un concept trop surcoté?
Pourquoi la passion? D’où vient-elle?
Il faut savoir qu’à l’origine, le mot passion désigne la souffrance physique (comme la passion du Christ, ceux qui ont la référence, comprendront…) et ensuite la souffrance psychologique. D’où la fameuse idée populaire: « les histoires d’amour finissent mal… ». Donc la passion est particulièrement reliée à la notion de souffrance. C’est un sentiment très fort, subi, qui nous tombe dessus et qui nous dévore petit à petit de l’intérieur. Lorsque deux personnes éprouvent ce sentiment, cette alchimie dévorante, ils vont s’engager dans un tourbillon de sentiments très positifs et très négatifs en même temps.

Le tourbillon des sentiments
La passion est un sentiment incontrôlable, presque animal, qui nous pousse à aller vers l’autre et qui anesthésie nos pensées. Instinctivement, nous avons envie de son étreinte, de ses regards brûlants, de ses baisers qui nous donnent le tournis. Nous nous laissons enivrer par tous ces sentiments contraires. Nous ne sommes plus que l’objet de nos plus bas instincts.Sans tomber dans une morale archaïque, pourquoi nous ressentons tout cela dans notre corps?
La chimie des sentiments:
En tant que futur psychologue, j’aime bien faire un petit tour par la science pour comprendre ce qu’il se passe dans notre tête et notre corps. Même si nous ne comprenons pas encore bien pourquoi nous sommes attirés plus par une personne qu’une autre (ce qui fera l’objet d’un autre article), la science nous permet de comprendre ce qu’il se passe dans notre tête lorsque nous vivons une passion amoureuse. Et oui, la passion ne vient pas que du bas de notre corps mais bien de notre petite cervelle! En effet, c’est un cheminement assez complexe dans notre cerveau qui régit les émotions puisque nous activons plusieurs régions cérébrales. Par contre, nous savons que plusieurs hormones sont en partie responsables du déclenchement de la passion.

La fameuse dopamine!
Cette mythique « hormone du bonheur » que nous sécrétons lorsque nous sommes en présence de notre être « passionnant ». Elle booste notre désir, colore notre vie en rose ou en rouge passion. Je simplifie les choses car la dopamine à un rôle très important pour d’autres fonctions du corps (oui la dopamine a un rôle dans l’arrêt de la production de lait maternel…) mais je m’éloigne du sujet car nous sommes ici pour parler d’amour!
Elle a donc un rôle essentiel mais agit aussi comme une drogue. Son effet est temporaire et lorsqu’elle diminue, nous en voulons toujours plus. C’est pour cela que dans l’amour passion, on parle beaucoup de l’effet « Top – Down ». Nous sommes en haut de l’Everest au contact de l’être aimé (top) et au fond du caniveau lorsqu’il n’est plus là (Down).
Il y a aussi la testostérone qui déclenche le désir sexuel, l’ocytocine (l’hormone de l’attachement) après l’amour qui va désactiver tous les schémas neuronaux liés au stress et à la peur. Ce qui aura pour effet de libérer d’autres hormones comme les endorphines (hormones du plaisir), l’anandamide (qui mime les effets du cannabis) et la sérotonine (l’hormone du bien-être).
Quand la passion nous rend dingue!
Nous comprenons ainsi comment notre corps influe sur nous et peut nous rendre complètement dingue. La passion peut devenir une vraie drogue et nous faire perdre la tête. C’est aussi souvent à ce stade de la relation que nous pouvons ressentir une très grande jalousie, de la colère si l’être aimé n’est pas totalement sur la même longueur d’onde que nous. Et si c’est le cas, c’est une vraie tempête de folie qui s’abat sur nos deux êtres. Cela peut tourner à l’obsession et donner des scènes mémorables de crises en tout genre.
Est-ce un amour déraisonnable?
On oppose souvent la passion à l’amour raisonnable. L’amour raisonnable serait l’amour qui se construit petit à petit, loin des tumultes et des sautes d’humeur de la mère passion (cf: article sur le livre d’Anna Karenine. Un livre à lire absolument!).
Tout le monde ne vit pas forcément de passion dans sa vie. Cela va dépendre aussi de notre personnalité. Certains n’aiment pas le manque de contrôle et aiment prendre du temps pour connaître et aimer une personne. Ce n’est pas un préalable à chaque nouvelle relation. Et nous pouvons être confrontés à des personnes qui aiment vivre ce genre de relation versus ceux qui préfèrent vivre des relations comme sur un long fleuve tranquille.
Car il ne faut pas se méprendre, la passion n’est pas amenée à durer. Certains couples (et ils sont rares…) savent faire renaître la passion mais très souvent, l’amour fou peut soit vite mener à une rupture, soit se transformer en amour plus calme et durable dans le temps.

Passion or not passion?
Au vu de ce que nous venons d’apprendre, c’est d’abord quelque chose que nous ne contrôlons pas. Nous n’éprouvons pas de la passion pour tout le monde et à chaque relation. C’est quelque chose d’unique, qui peut ou ne peut pas arriver. Et ce n’est pas grave si vous n’éprouvez pas de la passion pour quelqu’un. L’amour ne se mesure pas au « taux » de passion éprouvé au début et il ne se résume pas qu’à cela non plus, comme les films veulent souvent nous le faire croire.
Vivre la passion peut être un moment formidable car c’est une source de bonheur et de désir que nous ressentons sur le moment mais il ne faut pas oublier le versant négatif de ce type d’amour, qui sur du long terme, s’il n’est pas régulé, peut devenir épuisant et très destructeur pour un couple.
Il faut aussi concéder qu’après la passion, certaines personnes peuvent ne plus rien ressentir car trop de passion tue la passion! Il faut en être conscient et accepter cet état de fait parcequ’il n’est pas simple de faire la transition d’un amour passionné à un amour apaisé.
C’est aussi accepter avec résilience que lorsque nous sommes passionnés, il vaut mieux vivre au jour le jour et ne pas penser au lendemain.
Carpe Diem.